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Le prix Nobel de la paix 2025 : Maria Corina Machado, la foi catholique au cœur d’un combat pour la liberté

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Le prix Nobel de la paix 2025 a pris une tournure hautement politique. Le prestigieux comité norvégien a couronné, le 10 octobre dernier, Maria Corina Machado, cheffe de file de l’opposition vénézuélienne, aujourd’hui contrainte à la clandestinité. À 58 ans, cette femme de conviction incarne la résistance face à la dictature de Nicolás Maduro et s’appuie sur une foi catholique profonde, qu’elle considère comme le moteur de son engagement.

Une militante au courage exemplaire

Dans son communiqué, le comité Nobel a salué « une femme qui maintient la flamme de la démocratie au milieu d’une obscurité grandissante ». À Oslo, Jørgen Watne Frydnes, président du comité, a souligné que Machado représente « l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ». Son combat, entamé il y a plus de deux décennies, vise une transition pacifique et juste d’un régime autoritaire vers un État démocratique.

Issue d’une famille d’entrepreneurs catholiques de Caracas, Maria Corina Machado a étudié à l’Université jésuite Andrés Bello avant de se lancer en politique. Ingénieure de formation, mère de trois enfants, elle fonde en 2002 le mouvement Súmate pour la défense des élections libres, puis, dix ans plus tard, le parti libéral Vente Venezuela.

Sa popularité explose lors des primaires de l’opposition en octobre 2023, où elle recueille plus de 90 % des suffrages. Mais, le pouvoir en place l’écarte arbitrairement de la présidentielle de 2024, ce qui la pousse à poursuivre sa lutte dans la clandestinité.

La foi comme boussole

Dans un contexte d’hostilité et de menaces constantes, Maria Corina Machado puise sa force dans la prière. « C’est Dieu qui me donne le courage de continuer », confiait-elle récemment à une chaîne latino-américaine. Ses prises de parole publiques sont souvent ponctuées de références à la foi, à la justice divine et à la dignité humaine.

Lors de sa dernière apparition publique à Caracas, alors qu’elle s’adressait à une foule enthousiaste depuis le toit d’une camionnette, elle a reçu la bénédiction d’un prêtre franciscain et d’une religieuse, tandis que des dizaines de partisans brandissaient des chapelets et des croix. Un symbole fort dans un pays où la foi catholique reste profondément ancrée dans la société.

Une catholique ultralibérale et controversée

Si son engagement religieux inspire beaucoup de Vénézuéliens, Maria Corina Machado divise aussi. Ses adversaires la qualifient d’« ultralibérale », en raison de ses positions économiques favorables au marché libre et de sa proximité avec certains dirigeants de droite latino-américains, tels que Javier Milei en Argentine.

Son alliance idéologique avec les États-Unis est également assumée. Elle a bénéficié du soutien de la National Endowment for Democracy (NED), un organisme américain de promotion de la démocratie, et se dit aujourd’hui proche du président Donald Trump, qu’elle rejoint sur plusieurs points de politique internationale, notamment la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël.

Entre diabolisation et admiration

Face à cette popularité grandissante, Nicolás Maduro ne cache pas son mépris. Le président vénézuélien l’a affublée du surnom de « sorcière démoniaque Sayona », référence à une figure maléfique du folklore local, et l’a accusée d’avoir « passé un pacte satanique avec Elon Musk ». Des attaques qui témoignent autant de la tension politique que de la peur qu’inspire la figure de Machado au sein du régime.

Un Nobel aux accents spirituels et politiques

En récompensant Maria Corina Machado, le comité Nobel envoie un signal fort : celui de la reconnaissance du courage civique et spirituel d’une femme qui refuse de plier face à l’arbitraire. Derrière la politicienne, se profile la croyante, convaincue que la foi peut être un levier de transformation sociale et politique.

Dans un Venezuela meurtri par la crise, Maria Corina Machado incarne ainsi une espérance, celle d’un pays qui cherche à se relever sans renier son âme.

 Saint Bénifils

 

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