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Attentat de Manchester : Après le choc, l’inquiétude face à la montée de l’antisémitisme

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Au lendemain de l’attentat de Manchester qui a coûté la vie à deux fidèles devant la synagogue de Heaton Park, les autorités dénoncent un acte antisémite et renforcent la sécurité. Des voix juives et chrétiennes alertent sur un climat de haine.

Un attentat devant la synagogue de Heaton Park, à Crumpsall, dans le nord de l’agglomération de Manchester au Royaume-Uni, a fait deux morts et trois blessés graves dans la matinée du 2 octobre, alors que le lieu de culte était très fréquenté pour la fête juive de Yom Kippour.

L’auteur de l’attaque était un Britannique d’origine syrienne de 35 ans, arrivé au Royaume-Uni alors qu’il était jeune enfant, rapporte RFI, citant une source gouvernementale. Il avait dirigé sa voiture sur des personnes qui se trouvaient à l’extérieur de la synagogue avant de sortir de son véhicule et de s’en prendre à elles avec un couteau.

Il a été abattu par les forces de l’ordre qui sont intervenues rapidement. Toujours selon RFI, il s’agit de l’une des pires attaques contre des Juifs en Europe depuis celle sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.

La sécurité renforcée autour des synagogues en France

En réponse à cette attaque, qualifiée d’«attaque terroriste» par la police, le gouvernement britannique a activé le mécanisme de crise le plus élevé au Royaume-Uni, le comité d’urgence Cobra. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, s’est dit «horrifié» par le fait que l’incident se soit produit le jour le plus saint du calendrier juif et a annoncé le déploiement de moyens policiers supplémentaires devant les synagogues du Royaume-Uni.

En France, le président Emmanuel Macron a dénoncé une «attaque terroriste antisémite» et le ministre de l’Intérieur démissionnaire a demandé le renforcement de la sécurité autour des lieux fréquentés par la communauté juive. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a condamné une «attaque barbare».

«C’est une attaque contre les Juifs parce qu’ils sont Juifs, une attaque contre les valeurs britanniques. (…) Nous devons être clairs: c’est une haine qui monte une fois de plus, et la Grande-Bretagne doit la vaincre une fois de plus», a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer.

D’après la police britannique, les crimes antisémites ont plus que doublé en Angleterre et au Pays de Galles depuis le début de la guerre à Gaza.

Le rabbin et les agents de sécurité, de «vrais héros»

Le rabbin Daniel Walker et des agents de sécurité de la synagogue de Heaton Park ont été salués comme de «vrais héros» par Keir Starmer pour avoir empêché l’agresseur d’entrer dans la synagogue et faire plus de victimes. Il ne fait aucun doute que les services d’urgence et les agents de sécurité de la synagogue ont «empêché une tragédie encore plus grande», a déclaré le Premier ministre, selon la BBC.

Le chef de la police du Grand Manchester (GMP), Sir Stephen Watson, a confirmé que les fidèles et le personnel de sécurité avaient aidé à empêcher l’agresseur d’entrer avant qu’il ne soit abattu par les policiers.

«Il est intolérable que la haine des Juifs qui se répand dans nos pays européens en arrive au point d’assassiner deux Juifs le jour le plus saint de l’année alors qu’ils se rendaient simplement à la synagogue pour y prier en paix», déplore Luc Henrist, pasteur itinérant et coordinateur de la Journée de prière pour la paix de Jérusalem en Belgique, joint par Evangeliques.info.

«Cet amalgame entre ce qui se passe en Israël et les Juifs de diaspora est stupide, cruel et démoniaque. C’est comme si, au nom des injustices commises en Iran, on attaquait la communauté iranienne en Europe…»

En hyper vigilance

«Au début des offices de Yom Kippour, des militaires de l’opération Sentinelle sont venus à la porte pour me demander de visiter les lieux», Josué Turnil, nouveau président de l’Alliance française juive messianique, directeur général de Juifs pour Jésus France et par ailleurs responsable dans une synagogue locale non messianique en région parisienne.

«On a examiné ensemble quels sont les dangers, les faiblesses, les vulnérabilités du lieu. Ce n’est pas le genre de rappel que nous souhaitons avoir en tant que personnes qui venons louer le Seigneur juste avant l’office du jour du jour le plus saint de l’année», a-t-il déclaré à Evangeliques.info.

Dans un contexte de plus en plus hostile, chaque personne qui rend dans une synagogue, en particulier pour les fêtes, à conscience de ce danger, de la potentialité d’une attaque ou d’un attentat, poursuit Josué Turnil. «C’est la raison pour laquelle, pour des raisons de sécurité, beaucoup de Juifs ne vont pas aller à la synagogue ou retirent leurs enfants des écoles juives.»

Il souligne la «fracture au sein de la société, quelque part autour du peuple juif». Il s’inquiète d’une montée de l’antisémitisme dans le monde universitaire et étudiant, «c’est-à-dire la génération qui va prendre responsabilité politique dans les générations à venir, où l’on fait l’amalgame entre Juifs et Israël et sionistes».

Josué Turnil poursuit : «Certains pensent, comme l’a dit le président de la Turquie il y a quelques mois, que la solution aux problèmes du monde est l’éradication d’Israël. Alors que la Bible dit que du peuple juif et d’Israël vient le salut une source de bénédiction pour les nations.» Il fait sienne cette phrase d’un rabbin allemand : «J’aimerais vivre dans un pays où je n’ai pas besoin de la police pour pouvoir aller adorer Dieu.»

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