À l’approche de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, les Guides religieux chrétiens et musulmans de Côte d’Ivoire lancent un appel solennel à la paix et à la responsabilité civique. Dans une déclaration rendue publique le 27 septembre, à la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan-Plateau, ils ont pointé du doigt les tensions croissantes et les violences langagières qui menacent la cohésion nationale. Déclaration lue par l’imam Bachir Ouattara, membre du COSIM.
« Depuis 1990, tous les cinq ans, les élections politiques mettent à mal la cohésion sociale dans les différentes localités du pays », rappellent les religieux, en déplorant la recrudescence des propos grossiers et injurieux, particulièrement sur les réseaux sociaux, depuis la publication de la liste définitive des candidats. « Que Dieu continue de couvrir la Côte d’Ivoire de Son infinie miséricorde ! » ajoutent-ils.
Pour les Guides religieux, ces comportements traduisent un déficit d’éducation civique et morale, que l’école, la famille et les responsables religieux doivent corriger. La déclaration insiste sur la nécessité de vivre la campagne électorale, le vote et la proclamation des résultats « avec plus de sérénité ».
Aux familles, ils recommandent une vigilance accrue face à l’influence des réseaux sociaux, pour garantir l’épanouissement moral des jeunes.
Aux leaders et militants politiques, qu’ils aient été acceptés, rejetés ou absents de la course, les religieux rappellent ceci : « Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix » (Éphésiens 4 :2-3).
Ils exhortent également les acteurs politiques à montrer que « la politique reste la volonté de construire une société à visage humain », en rassurant les populations sur leurs intentions.
Aux institutions électorales, CEI et Conseil Constitutionnel, les Guides religieux rappellent l’importance de l’équité et de la transparence, citant le Coran : « Ô vous qui croyez ! observez la stricte vérité… fût-ce contre vous-mêmes, vos parents ou vos proches… Ne vous fiez pas à vos pulsions au détriment de l’équité » (Sourate 4, verset 135).
Selon eux, il est important de communiquer clairement les fondements juridiques des décisions afin d’éviter les incompréhensions.
À la communauté nationale des croyants, représentant plus de 80 % de la population, les religieux insistent sur l’importance de vivre sa foi tout au long du processus électoral : « Je lève les yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Éternel, Qui a fait les cieux et la terre » (Psaume 121:1-2).
Ils invitent, en outre, à démontrer un attachement aux valeurs citoyennes, rappelant l’hymne national : « Si nous avons dans la paix ramené la liberté, notre devoir sera d’être un modèle… ».
Aux professionnels des médias, ils rappellent le rôle fondamental de la presse comme « quatrième pouvoir » et appellent à un traitement équilibré de l’information, sans se laisser emporter par les passions liées aux enjeux électoraux.
Aux guides religieux eux-mêmes, la déclaration insiste sur la cohérence entre paroles et actes comme dans le Coran, Sourate 61, versets 2-3 : « Ô vous qui croyez ! pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas ? C’est une chose abominable auprès de Dieu que vous disiez ce que vous ne faites pas »).
Ils soulignent, dans la même dynamique, que le militantisme politique reste incompatible avec la fonction de guide religieux dans une société multiconfessionnelle.
Enfin, à l’exécutif, le message est clair : « Aucun sacrifice ne sera de trop pour la stabilité de notre pays », tout en exhortant le président et son gouvernement à tout mettre en œuvre pour préserver la paix et la quiétude nationale.
Les Guides religieux concluent leur adresse par un appel à l’unité et à l’intérêt commun : « En œuvrant ensemble pour la justice sociale et la préservation de la paix, nous pouvons bâtir une Côte d’Ivoire plus forte, unie et prospère pour les générations futures. C’est notre seule manière de rentrer dans l’histoire par la bonne porte ».
Pour rappel, la déclaration a été cosignée par l’ensemble des principales instances religieuses de Côte d’Ivoire, représentant à la fois les communautés chrétiennes et musulmanes. Parmi elles figurent la COSIM, la CECCI, la FECI, l’EMCI, le Consistoire des Protestants, la CERA, le CODISS, le CNI, le CSI-CI, le CAOCI-CI, la Tariqa Tidjani, le COFETCI, la FOI et le CMS-CI. Ces organisations, en tant que faîtières confessionnelles, incarnent la voix collective des guides religieux du pays et portent ainsi ce message d’alerte et d’appel à la paix pour l’ensemble de la nation.
Ernest Saint Benifils