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France : Un chrétien irakien tué en direct sur TikTok à Lyon

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La stupeur est encore vive au pied de la station de métro Gorge de Loup, dans le 9 arrondissement de Lyon. Mercredi 10 septembre au soir, Ashur Sarnaya, un réfugié chrétien irakien de 45 ans, a été mortellement poignardé à la gorge alors qu’il se filmait en direct sur TikTok depuis son fauteuil roulant. La scène, d’une rare brutalité, a aussitôt bouleversé la communauté locale et au-delà, suscitant un émoi national et international.

 Un visage familier du quartier

 Installé depuis plusieurs années au 51, rue Sergent Michel Berthet, Ashur était une figure connue et respectée du voisinage. « Toujours souriant, toujours poli, il ne dérangeait jamais personne », souffle un gérant de supérette, visiblement ému. Sa silhouette, reconnaissable à son fauteuil roulant et à sa barbe blanche, faisait partie du paysage quotidien. « Il sortait faire son petit tour, puis rentrait chez lui. C’était un homme calme, discret », témoigne une voisine de la trentaine, encore bouleversée après avoir entendu les cris ce soir-là.

 Un réfugié marqué par l’exil

Originaire du Kurdistan irakien, Ashur Sarnaya avait fui en 2014 les persécutions de l’État islamique. Passé par la Pologne avant de s’installer en France, il avait obtenu en 2016 le statut de réfugié politique, valable jusqu’en 2026. Membre de la communauté chaldéenne, il vivait avec sa sœur qui s’occupait de lui. Ce chrétien fervent s’était rapidement tourné vers les réseaux sociaux pour témoigner de sa foi. Ses vidéos, suivies par des centaines d’internautes, mêlaient chants religieux, lectures bibliques et paroles d’encouragement.

 Un meurtre en direct, encore inexpliqué

Mercredi soir, alors qu’il regagnait son domicile, Ashur lançait un live TikTok, comme à son habitude. Les dernières images – que les autorités ont demandé de ne pas diffuser – le montrent ensanglanté, tentant de comprimer sa plaie au cou. L’auteur du coup de machette reste à ce jour introuvable. Si l’hypothèse d’un crime motivé par la foi chrétienne est évoquée, les enquêteurs se gardent pour l’instant de confirmer cette piste. « Aucune hypothèse n’est écartée à ce stade », a précisé le parquet de Lyon.

 Vague d’hommages et indignation

Depuis l’annonce du drame, une pluie de messages d’hommage inonde ses vidéos en ligne. Sur Facebook, l’association SOS Chrétiens d’Orient a rappelé qu’Ashur avait trouvé refuge à Lyon « après avoir fui les persécutions de l’État islamique », soulignant qu’il avait vécu auparavant à Ankawa, « l’une des plus grandes municipalités chrétiennes du Proche-Orient ». Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a, de son côté, dénoncé dans un communiqué « le symptôme d’une démocratie malade, d’une société qui ne sait plus se parler ». Son directeur de la communication, Romain Choisnet, a appelé à ce que « cette douloureuse actualité nous pousse à l’unité plutôt qu’à la division, à la fraternité plutôt qu’à la suspicion de tous contre tous ».

 Une communauté meurtrie

Dans le quartier comme au sein de la communauté chrétienne orientale de Lyon, l’incompréhension est totale. Un habitant confie : « On a du mal à croire que cela ait pu se produire ici, alors que tout semblait apaisé depuis le démantèlement du point de deal il y a quelques années. » Pour d’autres, ce drame rappelle la fragilité des réfugiés qui, après avoir fui la guerre et la persécution, se retrouvent confrontés à une violence aveugle sur le sol français.

 Une enquête sous haute tension

La police judiciaire poursuit ses investigations pour identifier et interpeller l’auteur du meurtre. Si la piste d’un règlement de comptes ou d’un conflit personnel n’est pas exclue, l’hypothèse d’un crime religieux reste au cœur des débats. En attendant, l’image d’Ashur Sarnaya, ce chrétien souriant qui « ne faisait de mal à personne », reste gravée dans les mémoires de ceux qui l’ont côtoyé, comme une blessure béante laissée dans le tissu social lyonnais.

Saint Bénifils

 

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