Alors que Bruxelles s’apprête à accueillir une imposante chaîne humaine en solidarité avec Gaza ce dimanche 15 juin, une initiative plus silencieuse mais tout aussi poignante prend forme au cœur de la capitale belge.
Dans l’église Saint-Jean-Baptiste au Béguinage, un lieu connu pour son engagement social, des activistes, soutenus par le prêtre Daniel Alliët, 81 ans, ont entamé une grève de la faim de cinq jours. Une action symbolique et résolue baptisée « Faim de justice en Palestine ».
Du 16 au 21 juin, ce temple emblématique de la justice sociale devient l’épicentre d’un jeûne collectif en soutien à la population palestinienne. Parmi les grévistes : des citoyens engagés, des figures du monde associatif, et le père Alliët lui-même, figure respectée de la communauté chrétienne bruxelloise.
Inspiré par le médecin français Pascal André – qui avait lui aussi jeûné après un séjour à Gaza – le vieux prêtre ne mâche pas ses mots : « Ce qui se passe à Gaza est véritablement inhumain. Cela dure depuis des années. Le droit international y est bafoué. Les hôpitaux ont été entièrement bombardés. Chaque Palestinien risque de mourir de faim. »
Une mobilisation à l’échelle européenne
Cette grève de la faim s’inscrit dans un mouvement plus large, Hunger Strike for Justice in Palestine, qui gagne du terrain en Europe. Depuis janvier 2024, plus de 500 personnes dans plusieurs pays ont déjà jeûné pour dénoncer les atrocités commises à Gaza. À Bruxelles, c’est la communauté de House of Compassion, implantée dans l’église du Béguinage, qui coordonne cette mobilisation.
Aux côtés du père Alliët, on retrouve notamment le journaliste palestinien Omar Kareem, ainsi que Geneviève Frère et Karen Naessens, militantes de longue date. Pour eux, l’objectif est clair : amplifier le cri du peuple palestinien à travers une action non violente, mais profondément politique.
« Le nombre de morts dépasse les 50 000. Des experts en génocide, des rapporteurs de l’ONU, des ONG et la Cour internationale de justice reconnaissent le caractère génocidaire des actions de l’armée israélienne. Pourtant, notre pays reste silencieux, voire complice, à travers ses coopérations militaires et économiques », dénoncent les organisateurs.

Revendications claires et message fort
Les jeûneurs adressent un message direct aux décideurs politiques belges et européens. Parmi leurs revendications : la fin de l’apartheid et de la colonisation en Cisjordanie, la rupture des accords militaires avec Israël, le soutien aux réfugiés palestiniens, et l’application des mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale.
L’église arbore désormais une grande bannière proclamant « Stop au génocide », visible depuis la rue. Un ruban rouge invite les passants à symboliquement « tracer leur ligne rouge » contre les violences à Gaza.
Chaque soir, l’église accueillera conférences, témoignages et projections. Le public est invité à y assister, à signer une pétition ou à participer au jeûne, partiellement ou entièrement. Une manière pour chacun de se joindre à cette mobilisation citoyenne en faveur de la justice et de la dignité humaine.
Saint Bénifils