Sous le dôme orné de motifs persans et les arcs rappelant ceux des cathédrales, la station Maryam Moghaddas (« Sainte-Marie » en persan) s’impose comme un joyau architectural au cœur de Téhéran. Véritable œuvre d’art souterraine, elle rend hommage à la Vierge Marie et à son fils Jésus, figures respectées aussi bien dans le christianisme que dans l’islam chiite, religion d’État en Iran.
Dans les couloirs, un bas-relief de Marie, les yeux clos et les mains jointes, veille sur les passants, entourée d’une colombe blanche — symbole du Saint-Esprit — et d’un olivier, emblème de paix et d’amitié. « Chaque détail a été pensé pour honorer le respect des autres religions », explique l’artiste Tina Tarigh Mehr, à l’origine de cette création qui ouvre bientôt ses portes au public.
Pour le maire de Téhéran, Alireza Zakani, cette station « rappelle la femme divine qui a éveillé le monde par sa pureté » et incarne « la coexistence des religions divines à Téhéran ». Dans une République islamique souvent perçue comme fermée, ce geste artistique fait figure d’ouverture, un pont entre croyances, un souffle d’harmonie au milieu du tumulte urbain.
Le christianisme, présent en Perse bien avant l’essor de l’islam, conserve en Iran une place reconnue. Bien que minoritaire, il est protégé par la Constitution, qui accorde un siège parlementaire à chacune des religions reconnues — sunnite, juive, zoroastrienne et chrétienne.
À deux pas de la cathédrale Saint-Sarkis, la station Maryam Moghaddas vient ainsi rappeler que, même sous les voûtes du métro, la foi et la beauté peuvent voyager main dans la main. Dans cette mégapole de dix millions d’habitants et cent soixante stations, Téhéran démontre une fois encore que, parfois, la paix se niche là où on l’attend le moins : au détour d’un quai de métro.
Source & Crédit Photo : Lorientlejour.com