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Nigeria : 15 chrétiens massacrés en une semaine par des éleveurs peuls dans le centre du pays

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La spirale meurtrière se poursuit dans le centre du Nigeria. En l’espace d’une semaine, au moins quinze (15) chrétiens ont été tués dans une série d’attaques attribuées à des bergers peuls armés, dans les États de Nasarawa et du Plateau, selon plusieurs témoins et responsables locaux.

Des attaques nocturnes d’une rare violence

Dans la nuit du 6 novembre 2025, des hommes armés ont fait irruption dans le village de Sarkin Noma, à majorité chrétienne, dans le comté de Keana (État de Nasarawa). L’assaut, survenu aux environs de 23 heures, a coûté la vie à deux habitants et entraîné l’enlèvement d’une troisième personne.

« La zone de Keana n’est plus sûre. Nos paisibles foyers sont devenus des repaires de bandits armés », déplore Musa Adamu, un habitant. Avant cette attaque, un couple avait déjà été enlevé dans la communauté voisine de Giza, sans que l’on ait depuis leurs nouvelles.

Face à la montée de la violence, des centaines de villageois en colère ont manifesté le lendemain, vendredi 7 novembre, bloquant l’autoroute reliant Lafia (Nasarawa) à Makurdi (Benue), pour réclamer une intervention urgente des forces de sécurité.

Onze autres morts dans l’État du Plateau

Plus au nord, dans l’État voisin du Plateau, d’autres attaques attribuées à des éleveurs peuls ont ensanglanté les comtés de Riyom et de Mangu.

Dans la nuit du 6 novembre, deux chrétiens ont été tués et cinq autres blessés dans le village majoritairement chrétien de Rachi, selon Dalyop Solomon Mwantiri, avocat basé à Jos.

« Cette attaque s’inscrit dans une nouvelle vague de violences coordonnées dans la région. Le gouvernement doit agir avec détermination pour protéger les populations », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Ces meurtres font suite à une série d’agressions survenues au cours des jours précédents :

« Le 1er novembre, six habitants du village de Kwi (Riyom) ont été abattus par des militants peuls ; Le même jour, Kurang Daniel, un agriculteur, a été tué alors qu’il récoltait du maïs ; Le 2 novembre, un autre fermier chrétien, Bitrus Dakwan, a été tué dans son sommeil dans le village de Kubon (Mangu) ; Enfin, le 31 octobre, trois chrétiens ont été tués dans le village de Pushit, toujours dans le comté de Mangu. »

« Nous appelons les forces de sécurité à se mobiliser pour mettre fin à ces attaques injustifiées contre des innocents », a réagi Friday Dawan, chef communautaire de Pushit.

Un conflit ancien aux racines religieuses et économiques

Les Peuls, peuple d’éleveurs nomades présent dans tout le Sahel, sont majoritairement musulmans. Bien que la majorité d’entre eux soient pacifiques, certains groupes armés adhèrent à une idéologie islamiste radicale.

Selon un rapport du Groupe parlementaire multipartite britannique pour la liberté de religion (APPG, 2020), « ces milices adoptent une stratégie comparable à celle de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) », ciblant délibérément les chrétiens et les symboles de leur foi.

Des responsables chrétiens nigérians affirment que ces attaques ont aussi pour objectif la prise forcée des terres agricoles appartenant aux communautés chrétiennes, dans un contexte de désertification croissante qui réduit les zones de pâturage pour les troupeaux.

Le Nigeria, l’un des pays les plus dangereux pour les chrétiens

D’après le rapport 2025 de Portes Ouvertes sur la persécution religieuse, le Nigeria figure parmi les pays les plus meurtriers pour les chrétiens. Sur les 4 476 chrétiens tués dans le monde pour leur foi durant la période étudiée, 3 100, soit près de 70 %, l’ont été au Nigeria.

« Le niveau de violence antichrétienne dans le pays a atteint son maximum », note le document. Dans la zone centre-nord, où les chrétiens sont nombreux, des milices peules islamistes multiplient les attaques contre les villages agricoles.

Parallèlement, les groupes djihadistes Boko Haram et ISWAP poursuivent leurs exactions dans les États du nord, où le contrôle du gouvernement fédéral reste limité.

Ces violences s’accompagnent d’une explosion des enlèvements contre rançon, tandis que de nouveaux mouvements armés, tels que le groupe Lakurawa – affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (JNIM) – émergent dans le nord-ouest du pays, dotés d’un armement sophistiqué et d’un discours islamiste radical.

Un appel pressant à l’action

Face à cette recrudescence d’attaques, les habitants des régions touchées réclament un renforcement urgent de la sécurité et une réponse ferme de l’État fédéral.

« Nos communautés vivent dans la peur permanente », témoigne un résident de Keana. « Nous ne voulons pas quitter nos terres, mais nous ne pouvons pas continuer à mourir en silence. »

Source & Crédit Photo : Christiandaily.com

 

 

 

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