Après dix-sept ans de bataille juridique, Tabish H. obtient enfin une carte d’identité avec une mention religieuse modifiée. C’est ce qu’a décidé un tribunal pakistanais, un jugement qui pourrait faire jurisprudence pour tous les chrétiens convertis de l’islam. CSI a fourni une assistance juridique à Tabish.
En 2008, peu avant son mariage avec le catholique Shahzad, Tabish H. s’est convertie au christianisme. Mais il a fallu dix-sept ans pour que son changement de religion soit officiellement confirmé et inscrit sur sa carte d’identité. Le 1er juillet 2025, la cour supérieure de Lahore a ordonné à l’Autorité nationale de base de données et d’enregistrement (NADRA) de délivrer à Tabish une nouvelle carte d’identité la reconnaissant comme chrétienne. Jusqu’à présent, elle était toujours officiellement considérée comme musulmane.
Un jugement qui crée un précédent
C’est peut-être la première fois qu’un tribunal pakistanais ordonne à la NADRA de modifier la religion d’un converti sur sa carte d’identité. Le partenaire local de CSI a félicité l’équipe d’avocats pour son succès et espère que cette décision judiciaire fera jurisprudence : « J’admire votre courage dans cette affaire difficile. Vous avez changé le cours de l’histoire. Que cette affaire soit un exemple pour de nombreuses personnes à l’avenir. »
Le droit n’a pas été appliqué
Selon la loi pakistanaise, les individus sont autorisés à changer de religion. Dans la pratique, cependant, les personnes qui renoncent à la religion d’État, l’islam, sont considérées comme des apostats par la société. Certaines écoles de pensée islamique considèrent l’abandon de l’islam comme un crime passible de la peine de mort. Quiconque tourne le dos à l’islam s’expose en outre à des poursuites pénales en vertu des lois strictes du pays en matière de blasphème. Le converti est également confronté à une stigmatisation sociale énorme.
Peur de la violence
L’avocat de Tabish a qualifié ce jugement de « jalon pour la liberté de religion au Pakistan ». L’article 20 de la Constitution garantit certes la liberté de professer et de pratiquer sa religion. Mais contrairement à Tabish, la peur de la violence empêche la plupart des musulmans convertis au christianisme de saisir la justice, explique l’avocat. « Les gens ont peur de la répression des forces extrémistes et de la société. Dans la plupart des mariages, les chrétiens se convertissent à l’islam uniquement pour se protéger de la persécution », a-t-il déclaré à UCA News.
Rejetée par sa famille
Tabish, qui travaille comme femme de ménage, a grandi dans une famille musulmane stricte. À l’école, elle a découvert le christianisme grâce à des amis chrétiens. Plus tard, elle a fait la connaissance de l’ami catholique de son frère et est tombée amoureuse de lui. Le couple s’est marié en 2008 lors d’une cérémonie religieuse simple, sans la présence de la famille de la mariée. Après le mariage, la famille de Tabish a rompu tout contact avec elle.
Depuis, Tabish et son mari vivent dans la crainte que le statut de convertie de Tabish ne soit découvert. Le couple n’a pas pu rester avec la famille de Shahzad, comme le veut la tradition, car ses parents avaient trop peur d’héberger une convertie. Le couple a déjà dû déménager plusieurs fois pour des raisons de sécurité. Il a aujourd’hui cinq enfants.
Toute la famille est sous pression
« C’est difficile à supporter de devoir se cacher et de ne pas pouvoir dire ouvertement qui nous sommes », a confié Shahzad à CSI début 2025. Au fil du temps, de plus en plus de personnes ont découvert que Tabish était anciennement musulmane et ont exigé de lui qu’en tant que mari, il « ramène sa femme à l’islam ». Les enfants sont également touchés. Depuis que les enseignants connaissent les origines de Tabish, ses enfants sont victimes de discrimination à l’école.
Un chemin semé d’embûches
Depuis son mariage, Tabish tente de faire changer son nom de famille sur sa carte d’identité et de mettre à jour sa religion. Lorsqu’elle s’est présentée pour la première fois à l’administration, elle a été encerclée par un groupe d’hommes qui lui ont intimé de renoncer à son projet. Deux autres tentatives ont échoué, les autorités refusant d’effectuer le changement. Cela pose également des problèmes pour sa fille aînée, qui doit s’inscrire aux examens nationaux. Tant que les données personnelles de sa mère ne sont pas mises à jour, cela n’est pas possible.
Source & Crédit Photo : Chretiens.com