L’ordonnance n°2024-368 du 12 juin 2024 suscite de vives réactions en Côte d’Ivoire. Cette nouvelle loi pour les Organisation de la Société civiles dont fait partie l’Eglise provoque présentement un véritable tollé au sein des milieux religieux. Ce lundi 24 février 2024, l’Action des Églises pour le Respect du Culte Chrétien (AERCC) a tenu une Conférence de presse à Yopougon pour exprimer son profond désarroi face à cette nouvelle mesure gouvernementale.

Une contestation qui prend de l’ampleur
Après la prise de position du Conseil des Apôtres de Côte d’Ivoire (CACI), c’est au tour de l’Action des Églises pour le Respect du Culte Chrétien (AERCC) de monter au créneau.
Cette organisation chrétienne s’insurge contre l’ordonnance n°2024-368 du 12 juin 2024, qui fixe de nouvelles dispositions relatives aux organisations de la société civile, aux structures cultuelles et aux ONG.
La conférence en question s’est tenue dans la salle Karaoké du complexe hôtelier Astoria Palace, dans la commune de Yopougon.

Lors de la conférence de presse, le Coordinateur Général de l’AERCC, le Révérend Amadou Kamagaté, a exposé les différents points jugés problématiques dans cette ordonnance.
Selon lui, certaines dispositions portent atteinte à la liberté de culte et à l’autonomie des communautés religieuses en Côte d’Ivoire.

« Nous allons demander audience à l’ambassade des États-Unis pour leur exposer la situation difficile que l’État de Côte d’Ivoire tente d’imposer aux chrétiens », a-t-il déclaré avec fermeté.
Il a ensuite ajouté ceci : « Nous voulons que les choses soient bien distinctes afin que chacun puisse librement vaquer à ses occupations. Nous respectons l’État et sommes prêts à nous conformer aux lois du pays, mais nous disons non aux ordonnances qui restreignent nos libertés ! Pendant que les maquis et autres lieux de dépravation continuent leurs activités sans entrave, on tente d’imposer des restrictions aux Églises. Nous ne pouvons l’accepter ! »

Un combat déjà entamé contre les décisions controversées
Le premier Vice-coordinateur de l’AERCC, l’Apôtre Marius Kipré, également présent à la table de conférence, a rappelé que la plateforme avait déjà tiré la sonnette d’alarme dans le cadre de l’affaire opposant le Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur (BURIDA) aux Églises du pays.

Selon lui, l’ordonnance n°2024-368 vient remplacer la loi 60-315 du 21 septembre 1960, mais avec des clauses jugées défavorables aux institutions religieuses.
« Lorsque nous avons pris connaissance du texte, nous l’avons comparé à la loi précédente, et nous avons immédiatement compris qu’il y avait des amalgames. », a-t-il déclaré.

La prière comme ultime recours
Après avoir clairement affiché leur opposition à cette ordonnance qui fait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de la communauté chrétienne, les leaders ecclésiastiques réunis lors de cette conférence de presse ont conclu sur une note spirituelle : la prière.
« La prière est notre arme fatale face à toute forme de persécution de l’Église », ont-ils unanimement affirmé.

Il reste désormais à voir si d’autres fédérations chrétiennes, notamment le Consistoire des Protestants Évangéliques de Côte d’Ivoire (CPECI), prendront également position et organiseront une conférence de presse pour s’opposer à cette ordonnance, dont l’examen à l’Assemblée nationale est prévu pour le 10 mars prochain.

Emmanuel Dechrist