Petit-neveu du célèbre docteur Albert Schweitzer – prix Nobel de la Paix en 1952 – et cousin du philosophe Jean-Paul Sartre, Louis Schweitzer s’est éteint le 6 novembre à l’âge de 83 ans, a annoncé sa famille, vendredi. Issu d’une grande lignée de la bourgeoisie protestante alsacienne, il aura su, tout au long de sa vie, imposer son propre nom dans les sphères de l’industrie, de la haute fonction publique et de la culture, tout en restant fidèle à des valeurs profondément humanistes.
Un haut fonctionnaire au service de l’État
Diplômé de l’ENA, Louis Schweitzer débute sa carrière dans la haute administration. En 1981, il rejoint Laurent Fabius comme directeur de cabinet, d’abord au Budget, puis à l’Industrie, avant de le suivre à Matignon lorsque celui-ci devient Premier ministre. Dans les arcanes du pouvoir, il se forge la réputation d’un homme rigoureux, discret et efficace, capable de concilier exigence et écoute.
De l’administration à l’industrie : le patron visionnaire de Renault
Après la défaite de la gauche aux législatives de 1986, Louis Schweitzer se tourne vers le secteur privé. Il entre chez Renault, dont il deviendra le PDG en 1992. Sous sa direction, le constructeur français connaît une profonde transformation.
Il est notamment l’artisan de l’alliance historique avec Nissan, qui marquera durablement l’industrie automobile mondiale. Jusqu’à son départ en 2005, il restera fidèle à une vision d’entreprise conjuguant performance économique et responsabilité sociale.
Son expertise sera ensuite recherchée par de nombreux grands groupes : Volvo, BNP, L’Oréal, Veolia Environnement… Tous reconnaissaient en lui un stratège fin, attaché à l’éthique des affaires autant qu’à la réussite économique.
Un amoureux des arts et de la culture
Au-delà des chiffres et des bilans, Louis Schweitzer était un homme de culture. Amateur d’art contemporain et collectionneur passionné de bandes dessinées, il fonde la Société des amis du musée du Quai Branly. Il préside également le conseil d’administration du festival d’Avignon et celui du Musée du Louvre, deux institutions emblématiques du rayonnement culturel français.
En 2005, il prend la tête de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), affirmant son engagement pour la justice et l’égalité. Cette même année, il devient président du conseil de surveillance du quotidien Le Monde, confirmant son attachement à la liberté de la presse et au débat d’idées.
Un homme d’engagement social et éthique
Toujours soucieux du bien commun, Louis Schweitzer s’investit dans des causes sociales et éthiques. De 2011 à 2020, il préside Initiative France, un réseau d’aide à la création d’entreprises dans les quartiers défavorisés. Il prend également la tête de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), contribuant à renforcer le lien entre recherche, formation et citoyenneté.
En 2012, il ajoute une nouvelle corde à son arc en s’engageant pour la cause animale, devenant président de la Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA). Fidèle à son héritage humaniste, il plaide pour une société plus respectueuse de toutes les formes de vie.
Un parcours marqué par la discrétion et la conviction
Louis Schweitzer aura traversé son temps sans tapage, guidé par la conviction que la réussite n’a de valeur que si elle s’accompagne de responsabilité et d’ouverture. À l’image de son grand-oncle Albert, il laisse le souvenir d’un homme d’action et de conscience, d’un dirigeant éclairé pour qui l’humanisme n’était pas un mot, mais une ligne de conduite.
Sa disparition marque la fin d’une époque : celle d’une génération de patrons lettrés et engagés, pour qui servir, diriger et transmettre allaient de pair.
Source & Crédit Photo : Reforme.net






