Farhan Javed Masih, un chrétien de 28 ans, a été acquitté jeudi 12 juin par un tribunal pakistanais des graves accusations de blasphème et de terrorisme. Son avocat, Me Kashif Nemat, a salué une décision fondée sur les nombreuses contradictions du dossier.
Arrêté le 26 janvier à Sahiwal, dans le Pendjab, Masih avait été accusé par un villageois musulman, Muhammad Bilal Khan, d’avoir tenu des propos offensants contre l’islam et ses figures sacrées. Invoquant les articles 295-A et 298-A du Code pénal, ainsi que la loi antiterroriste, la police avait procédé à son inculpation.
Mais selon la défense, l’affaire reposait sur des motifs personnels : le plaignant souhaitait rompre l’amitié entre Masih et son frère, liés par une ancienne consommation commune de drogues.
Le juge Zia Ullah Khan, également président du tribunal antiterroriste local, a finalement constaté des incohérences dans les témoignages et un dépôt de plainte tardif, révélateur d’une intention malveillante. La cour a ainsi prononcé l’acquittement total de Masih.

Fragilisé par une dépendance passée, Masih souffrait de troubles mentaux non reconnus par la justice. Il avait perdu son emploi d’infirmier en 2023. Bien que libre, il ne peut retourner dans son village pour des raisons de sécurité.
« Il souhaite recommencer une nouvelle vie », a confié Me Nemat. L’organisation ADF International, qui a soutenu la défense, a salué cette victoire judiciaire tout en appelant les autorités pakistanaises à ne plus associer blasphème et terrorisme, une dérive judiciaire qui met en danger les innocents.
En 2024, le Pakistan a enregistré un nombre record de 344 cas de blasphème, dont une majorité vise des musulmans, mais avec des conséquences souvent plus dramatiques pour les minorités religieuses. Depuis 1994, au moins 104 personnes accusées de blasphème ont été tuées sans procès.
Classé huitième pays le plus dangereux pour les chrétiens, le Pakistan continue de faire face à de vives critiques sur l’usage abusif de ses lois sur le blasphème, devenues, pour beaucoup, un outil de vengeance personnelle et de persécution religieuse.
Saint Bénifils