Des djihadistes imposent la loi islamique dans des villages proches de la frontière entre le Niger et le Burkina Faso, provoquant le départ de nombreux chrétiens.
Le 2 mai dernier, des chrétiens ont commencé à quitter leurs villages et se sont réfugiés dans la ville de Makalondi, dans la région de Tillabéri (Sud-Ouest du Niger). Actuellement, environ 357 familles chrétiennes ont fui. La raison de cet exode? Le 16 avril, des djihadistes ont annoncé qu’à partir de ce jour, tous les hommes de 15 ans et plus qui refusent de se convertir à l’islam sont tenus de leur payer la Jizya, un impôt prélevé sur les habitants non musulmans.
Se convertir, payer ou partir
Cette loi s’appliquerait à tous les villages contrôlés par les djihadistes. Selon nos contacts, il a été fortement conseillé à tous les villageois de se convertir à l’islam s’ils veulent continuer à vivre dans leurs villages. Et ceux qui refusent doivent payer un impôt. S’ils paient, ils sont autorisés à continuer à vivre dans le village. Mais ils vivront comme des esclaves avec leurs familles. Tous leurs biens deviendront automatiquement ceux des djihadistes. Ceux qui ne veulent pas se convertir ou payer la Jizya doivent quitter le village. Mais ils n’ont pas le droit d’emporter quoi que ce soit avec eux, à l’exception des vêtements qu’ils portent.
Nos partenaires ont confirmé qu’à ce jour, les djihadistes contrôlent six autres villages dans la région de Tillabéri dans laquelle ils imposent leur nouvelle loi. Depuis, de nouvelles familles chrétiennes quittent chaque jour leurs villages. Un pasteur local raconte :
«Nous avons fui sans rien, car nous ne pouvions pas apporter notre nourriture. Nous n’avons même pas d’abri où demeurer…»
Réfugiés sous les arbres
Les chrétiens se réfugient sous les arbres, cherchant à s’abriter du soleil brûlant. Mais la saison des pluies arrivera bientôt et rendra la vie encore plus difficile pour les croyants déplacés.
Les conditions de sécurité au Niger se sont détériorées ces dernières années. En particulier dans les zones frontalières avec le Nigéria, le Burkina Faso et le Mali, où des groupes armés ont établi des bases et mènent des attaques répétées.
Les djihadistes ciblent les chrétiens et les animistes, provoquant l’exode de dizaines de milliers de personnes. Nos partenaires évaluent la situation afin de déterminer comment ils peuvent aider au mieux les réfugiés. Mais la région étant rurale et peu accessible, il pourrait être difficile de leur venir en aide.
Source & Crédit Photo : Portes Ouvertes