Le procès des responsables de l’enlèvement du pasteur Raymond Koh en Malaisie se poursuit. Avec le visionnage des vidéos des caméras de surveillance, un pas vers la vérité va-t-il être franchi ?
Depuis juin 2023, treize accusés doivent répondre devant les tribunaux de leur implication, ou non, dans l’enlèvement du pasteur Raymond Koh. Un kidnapping survenu le 13 février 2017 à Petaling Jaya (Malaisie). De nouvelles audiences ont eu lieu début novembre devant la Haute Cour de Kuala Lumpur, auxquelles Susanna Koh, l’épouse du pasteur, a activement participé.
Il s’agissait tout d’abord de reconstituer les faits, sur le lieu même où s’est passé l’enlèvement. Le fils de Raymond et Susanna, Jonathan Koh, a pu montrer au juge les vidéos des caméras de surveillance ayant filmé le kidnapping. Pourtant, depuis le début de l’affaire, la police affirmait que les caméras n’avaient pas fonctionné ce jour-là dans cette partie de la ville.
Plus qu’une statistique
«Nous espérons que le juge voit ce qui s’est réellement passé, que ce n’est pas juste un chiffre», témoigne Susanna. «Le pasteur Raymond ne fait pas juste partie des statistiques, mais cet événement a vraiment eu lieu…»
«Nous espérons qu’à travers tout cela, nous pourrons obtenir justice et que la vérité triomphera.»
Une partie de la vérité consisterait à comprendre pourquoi Raymond Koh a été kidnappé par la police secrète. Quelque temps avant son enlèvement, Susanna raconte que le couple avait reçu des menaces de mort, notamment une lettre contenant deux balles d’arme à feu.
Ils étaient allé porter plainte. Mais la police avait surtout cherché à savoir si le pasteur Raymond était impliqué dans des actions d’évangélisation à destination des musulmans, sans se préoccuper de le protéger des menaces proférées contre sa sécurité.
Aide aux défavorisés
Raymond et Susanna Koh avaient créé une association à but non lucratif, intitulée Harapan Komuniti (la Communauté de l’Espoir), pour venir en aide aux défavorisés : les malades du sida et du VIH, d’anciens drogués, des mères célibataires et des sans-abri. Des activités sociales qui dérangeaient, et qui leur valaient d’être suspectés de prosélytisme.
Ce à quoi Susanna répond sans relâche : «En tant que pasteur et travailleur social, Raymond n’a jamais hésité à tendre la main à qui que ce soit, indépendamment de son ethnie, de sa race ou de sa religion, pour faire une différence dans sa vie.»
Une descente de police sans mandat
Après l’enlèvement du pasteur, la police a fait une descente dans les locaux de Harapan Komuniti, sans mandat, pour y prendre des photos et des vidéos. Aujourd’hui, les responsables de ces faits doivent rendre des comptes.
Le procès doit se poursuivre pendant encore plusieurs mois, avec des audiences prévues en décembre 2023. Puis en mai et en juin 2024. Malheureusement, malgré ces avancées judiciaires encourageantes, personne ne sait aujourd’hui où se trouve le pasteur Koh ni s’il est toujours en vie.
Son ami de toujours, Lee Hwa Beng, qui a co-écrit un livre sur le pasteur Raymond en 2019, affirme : «Nous espérons sincèrement qu’il réapparaisse, mais si ce n’était pas le cas, le monde ne doit pas l’oublier.»
Source & Crédit Photo : Portes Ouvertes