À quelques mois de l’élection présidentielle prévue pour le 25 octobre prochain, la « Cellule Néhémie-Shalom » a accueilli une importante conférence animée par le Rév. Dr Alain Leroux Gaman, vice-président de cette organisation et président-fondateur de l’Église du Tabernacle de la Gloire de Jésus-Christ.
« Comment éviter une crise électorale meurtrière en octobre 2025 ? », c’est le thème de cette conférence, tenue le lundi 14 juillet, qui a permis de dresser un diagnostic sans complaisance de l’histoire politique récente de la Côte d’Ivoire, mais également de formuler des pistes de solution pour un scrutin apaisé.
C’était à l’Église Évangélique Missionnaire, Temple « La Nouvelle Jérusalem», de Yopougon Niangon-Sud, Pharmacie Théodora du Missionnaire Djolo Ambroise, Président de la « Cellule Néhémie-Shalom ».
Dans son intervention, le Dr Gaman Alain a rappelé les grandes crises post-électorales qui ont secoué le pays en 1990, 1995, 2000, 2011 et 2020. Ces moments d’instabilité, selon lui, ont toujours été marqués par des violences, des exclusions politiques, des fractures communautaires et une réconciliation souvent jugée inachevée.
Toujours selon lui, aucun président ivoirien élu n’a, à ce jour, passé le témoin dans un climat de paix. Cette récurrence, pour lui, inquiète à l’approche du scrutin d’octobre 2025.
Le conférencier a aussi énuméré plusieurs facteurs de risque pour cette élection à venir. La raison, selon lui : « une réconciliation jugée partielle, la gestion du pouvoir critiquée, l’exclusion de figures majeures de l’opposition, des discours clivants, ainsi qu’une influence extérieure persistante, notamment celle de la France ».
« Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous marchons vers une nouvelle impasse politique », a-t-il averti. Sans dramatiser la situation, le Dr Gaman Alain a dressé le tableau de plusieurs scénarios probables : « soulèvements populaires, répression musclée, instabilité institutionnelle, voire coup d’État inspiré des modèles gabonais ou de l’AES ».
Mais, en qualité d’homme de Dieu, il n’exclut pas non plus un changement brutal du paysage politique provoqué par un décès soudain d’un leader politique majeur, dont il a préféré taire le nom.
Fidèle à sa posture de sentinelle spirituelle et citoyenne, le conférencier a formulé trois solutions pour désamorcer la crise préélectorale actuelle, à savoir : « le recours à l’article 73 de la Constitution qui permet au président de prendre des mesures exceptionnelles en cas de menace grave pour l’État ; l’union de l’opposition derrière un candidat éligible, en guise de plan B face aux exclusions judiciaires ; et la désignation d’un autre candidat par le parti au pouvoir, pour baisser les tensions autour d’un éventuel quatrième mandat ».
Par la même occasion, un vibrant appel a été lancé à la classe politique ivoirienne, à la société civile, aux religieux et à la communauté internationale pour contribuer à prévenir une éventuelle crise électorale.
L’objectif de cette démarche, à l’en croire, vise à « privilégier l’intérêt supérieur de la nation et éviter un bain de sang ». « La politique est un sacerdoce, un art de construire la paix », a insisté le Dr Gaman Alain, tout en citant Matthieu 5:9 qui dit : « Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »
Pour le Rév. Dr Gaman Alain Leroux, l’implication urgente des religieux dans la sphère politique est non seulement légitime, mais aussi nécessaire. « Si vous ne faites pas la politique, la politique vous fera », a-t-il lancé.
Il a conclu en soulignant que les chrétiens ne sauraient rester indifférents face aux enjeux qui touchent leur nation. Et pour lui, la crise semble inévitable, mais avec une mobilisation spirituelle forte et des décisions politiques éclairées, la Côte d’Ivoire peut emprunter définitivement la voie de la réconciliation véritable et de la stabilité durable.
Ernest Saint Bénifils