Aux États-Unis, la frontière entre foi et pouvoir s’effrite à vue d’œil. Sous l’ère Donald Trump, la religion, autrefois cantonnée aux sermons du dimanche, s’invite désormais dans les rouages de l’État. Le président réélu, rescapé d’une tentative d’assassinat qu’il qualifie lui-même de « miracle divin », se voit comme « choisi par Dieu pour restaurer la grandeur de l’Amérique ».
Depuis son investiture en janvier 2025, Trump avance à visage découvert : sa politique est guidée par la foi. La création express du Bureau de la Foi en est la preuve éclatante.
Entouré de pasteurs et de prédicateurs évangéliques, dont sa conseillère spirituelle Paula White, le président n’hésite pas à mêler prière et pouvoir, au risque de brouiller la ligne de séparation entre l’Église et l’État.
Dans cette Amérique où le patriotisme flirte volontiers avec le religieux, le slogan « Make America Great Again » semble désormais rimer avec « God bless America ».
Les évangéliques, fer de lance de sa base électorale, voient en lui un nouveau « Cyrus des temps modernes », un instrument divin pour défendre les valeurs chrétiennes.
Et, Trump leur rend bien la pareille : opposition farouche à l’avortement, soutien inébranlable à Israël, prière réintroduite dans les écoles publiques… le décor est planté.
Mais, cette montée en puissance du conservatisme religieux ne fait pas l’unanimité. Pour de nombreux observateurs, le chef de l’État marche sur une corde raide, transformant la foi en outil politique.
« Même aux États-Unis, on n’avait jamais vu un président se présenter comme un sauveur divinement choisi », souligne Marie Gayte-Lebrun, spécialiste de civilisation américaine.
Alors que 30 % des Américains se reconnaissent aujourd’hui dans le nationalisme chrétien, le pays se retrouve plus divisé que jamais. D’un côté, ceux qui voient en Trump le gardien de la foi et du destin national. De l’autre, ceux qui redoutent que la croix ne prenne le pas sur la Constitution.
Entre religion et politique, les États-Unis semblent désormais avoir choisi leur camp, celui d’une nation qui, plus que jamais, se veut « sous le regard de Dieu ».
Saint Bénifils