Quatre ans après le début de l’enquête judiciaire visant le pasteur Bruno Picard et l’Église Extravagance à Saint-Pierre de La Réunion, la presse locale dévoile les premiers éléments de l’instruction.
L’Eglise Extravagance, en tant qu’entité morale, ainsi que son pasteur Bruno Picard, font l’objet d’une enquête ouverte en février 2021. En mai de la même année, les locaux de l’Eglise et le domicile du pasteur sont perquisitionnés.
Deux mois plus tard, Bruno Picard est placé en garde à vue pour de possibles abus de faiblesse sur d’anciens membres de la congrégation. Huit d’entre eux ont porté plainte, affirmant avoir été contraints de verser d’importantes sommes d’argent à l’Eglise. Des soupçons de dérives sectaires émergent également.
Alors que l’enquête se poursuit, une audience passée inaperçue fin avril 2025, portant sur un aspect secondaire du dossier, a permis de rendre publics certains éléments de l’enquête.
«L’enquête diligentée révélait que les dirigeants de cette structure intervenaient à chaque instant dans la vie des adeptes, tant au niveau de leur emploi que sur leur vie de couple, dans l’éducation de leurs enfants, et que les adeptes se voyaient interdire certaines pratiques sexuelles ou encore la lecture de journaux d’information», rapporte le site local Zinfos974 dans un article publié le 9 juin.
Dîme obligatoire
Sur le plan financier, Zinfos974 indique que les membres de l’Eglise devaient déclarer leur patrimoine et que «Bruno Picard exigeait des membres de la communauté des dons équivalents au moins à 10% de leurs revenus, cette dîme obligatoire étant présentée comme un acte d’obéissance».
Ces dons auraient été défiscalisés «abusivement». L’argent, censé être destiné à l’association cultuelle, aurait en réalité «alimenté le train de vie luxueux de Bruno Picard» et de ses proches, selon une enquêtrice fiscale citée par le média réunionnais.
Par ailleurs, plusieurs structures satellites, basées à La Réunion, à l’île Maurice et en métropole, auraient été utilisées pour «blanchir» cet argent. L’enquête révèle aussi que Bruno Picard aurait constitué une base de données non déclarée à la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés), contenant des informations privées sur les membres de l’Eglise, utilisées pour faire pression sur ceux qui refusaient de s’acquitter de la dîme.
D’autres personnes pourraient être inquiétées
A ce jour, quatre personnes se sont constituées parties civiles. L’enquête reste ouverte. Le ministère public a requis du juge d’instruction la poursuite des investigations contre X pour abus de faiblesse aggravé et recel. D’autres personnes pourraient être mis en cause dans cette affaire.
«Motivé et inspiré» par l’évangéliste et prophète sud-africain Marc Bredenkamp et formé à l’école biblique Rhema à Johannesburg, Bruno Picard a fondé l’Eglise Hosanna en 2000, devenue «Extravagance» en 2012.
Conférencier lors d’événements évangéliques en France et en Suisse, tels que la RJ ou le Kingdom Festival, il était une figure influente de l’évangélisme francophone.
Il est notamment l’auteur des méditations Un Miracle Chaque Jour, produites par la société ZeWatchers et diffusées par TopChrétien, avant qu’il ne se retire en mars 2021.
Le pasteur avait alors évoqué des problèmes de santé, consécutifs à «plusieurs attaques personnelles très fortes sur les réseaux sociaux» et à des «accusations publiques». Placé sous contrôle judiciaire, il lui est désormais interdit de prêcher.
Source & Crédit Photo : Evangeliques.info