Des manifestations à l’appel d’imams sont en cours à Sélibabi dans le sud du pays pour exiger l’arrestation et le meurtre des chrétiens. Ils dénoncent l’enterrement «d’un apostat» dans un cimetière musulman.

Les images choquantes ont fait le tour des réseaux sociaux mauritaniens. Le lundi 7 avril à Sélibabi dans le sud de la République islamique de Mauritanie, le corps d’un chrétien récemment inhumé a été déterré car il était considéré comme impur, et sa dépouille entourée de son linceul a été traînée sur plusieurs mètres par une foule, dont des enfants, pour le sortir du cimetière aux cris de «Allah Akbar». 

Le défunt était décédé dans un accident de la route, rapporte Guidimakha News, un site d’information locale. C’est au cours de l’inhumation le 6 avril que les personnes présentes ont appris par un des responsables de la communauté locale que l’homme avait embrassé la foi chrétienne et qu’il devait être enterré selon les rites du christianisme, ce qui a suscité un grand mécontentement. 

Une manifestation pour dénoncer l’enterrement «d’un apostat»

Une manifestation à l’invitation de l’Union des imams de l’Etat du Guidimaka a eu lieu le lendemain pour «dénoncer l’enterrement d’un apostat» dans un cimetière musulman. C’est au cours de cette manifestation que des dizaines de jeunes ont commencé à détruire la tombe du défunt et à traîner son corps avant une intervention tardive de la police et de la gendarmerie. Sur les vidéos, on voit des jeunes hommes déterrer la tombe à main nues et casser la structure en béton entourant la tombe à coups de pierre. 

D’autres manifestations à l’appel d’imams sont en cours dans le sud du pays pour exiger l’arrestation et le meurtre des chrétiens. C’est autant «l’enterrement d’un apostat (chrétien) dans un cimetière musulman» que «la déclaration publique de blasphème (apostasie) de ses compagnons», qui ont poussé les imams et les dignitaires à exprimer leur colère «face à ce comportement et à ce blasphème flagrant» et exigé que des sanctions soient imposées aux apostats et qu’ils servent d’exemple aux autres, rapporte Guidimakha News. 

Dans ce contexte de poussée de violence, le ministère de l’Intérieur mauritanien a annoncé le 8 avril la révocation du gouverneur de la région de Guidimakha, ainsi que des responsables des forces de sécurité de la région. 

Un baptême qui avait déjà fait polémique en 2023

Dans la même ville , en 2023, une vidéo d’un baptême qui avait fuité sur TikTok avait suscité une vive polémique. La police de la République islamique de Mauritanie avait alors arrêté une quinzaine de chrétiens avant de les libérer, sans charges retenues contre eux.

«La situation reste sensible pour les chrétiens dans cette région qui compte plusieurs dizaines de familles chrétiennes et plusieurs centaines de chrétiens», déclare à Evangeliques.Info, Abdé A., Vice-président de la MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) Evangelical alliance. Il lance un appel à la prière pour la Mauritanie et l’Afrique du Nord, où la situation reste largement compliquée pour les chrétiens. 

Source & Crédit Photo : Evangeliques.info