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Tchad : Arrêtés, les huit chrétiens évangélistes libérés après plus d’un mois de détention à N’Djamena

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Arrêtés fin juin alors qu’ils évangélisaient dans les rues de la capitale tchadienne, huit jeunes chrétiens ont retrouvé la liberté après plus de trente jours de silence et d’angoisse. Leur libération a été confirmée le 12 août dernier par l’ONG Portes Ouvertes, une organisation spécialisée dans le soutien aux chrétiens persécutés.

Le président nouvellement élu du Tchad et chef de la junte Mahamat Idriss Deby lève la main lors de sa cérémonie d’investiture à N’Djamena, au Tchad. /Photo prise le 23 mai 2024/REUTERS/Israel Matene

 Un mois d’inquiétude

Ils étaient huit, dont sept hommes et une femme, à sillonner les quartiers populaires de N’Djamena pour annoncer l’Évangile. Mais, leur mission d’évangélisation s’est brusquement interrompue fin juin.

Selon plusieurs témoins, un véhicule militaire s’est arrêté devant la cour d’une maison où les jeunes priaient. Les forces de l’ordre les ont aussitôt interpellés et conduits au commissariat.

Dès lors, plus aucune nouvelle. Portes Ouvertes, qui avait signalé leur disparition le 23 juillet 2025, tout en rapportant que leurs familles restaient sans information depuis le 21 juin.

Leurs proches, désespérés, avaient lancé un cri de détresse : « Si nos enfants ont commis une infraction, qu’ils soient présentés devant la justice (…) Et, si jamais, ils sont morts, qu’on nous restitue leurs corps », imploraient-ils dans un communiqué relayé le 14 juillet.

 La justice tranche

Après des semaines de silence, c’est finalement la justice qui a mis un terme à l’épreuve. Le procureur général a déclaré les huit croyants non coupables. Ils ont pu regagner leurs foyers, au grand soulagement de leurs familles et des organisations chrétiennes. « Aujourd’hui, ils sont enfin rentrés chez eux », s’est réjouie Portes Ouvertes dans un message publié sur les réseaux sociaux.

 Un climat de pression religieuse

Cette affaire intervient dans un contexte tendu pour les minorités chrétiennes au Tchad. Pour la première fois, le pays est entré en 2025 dans l’Index mondial de persécution des chrétiens, établi par Portes Ouvertes. Il occupe le 49ᵉ rang sur 50.

Les raisons évoquées : la fragilité du gouvernement de Mahamat Idriss Déby, qui laisse un espace d’action important aux groupes extrémistes islamiques, mais aussi des pressions sociales et professionnelles croissantes sur les chrétiens.

Pourtant, le christianisme reste fortement implanté dans le pays. Selon l’Aide à l’Église en détresse, environ 35 % de la population tchadienne, soit six millions de personnes sur 16,3 millions d’habitants, se réclament du christianisme, aux côtés d’une majorité musulmane estimée à 56 %.

 Un signal d’alerte fort

La libération de ces huit jeunes croyants apaise certes les inquiétudes immédiates, mais elle soulève également de nouvelles questions sur la liberté religieuse au Tchad.

Pour les organisations de défense des droits humains, cette affaire montre toujours la vulnérabilité des minorités dans un pays traversé par des tensions sociales et confessionnelles depuis la mort d’Idriss Déby Itno, le père biologique de l’actuel président.

Ernest Saint Bénifils

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