Nay Y Blang a été condamné à quatre ans et demi de prison pour avoir organisé des réunions de prières. Son cas figure dans un récent rapport de Human Rights Watch (HRW) sur la répression politique et religieuse au Vietnam.
Human Rights Watch (HRW) a publié le 21 avril un rapport sur la répression croissante contre la dissidence au Vietnam. L’ONG de défense des droits humains dénonce l’utilisation abusive de l’article 331 du Code pénal, visant principalement les «atteintes aux intérêts de l’État».
Parmi les personnes punies pour avoir exprimé des inquiétudes ou une critique à l’encontre de responsables du Parti communiste, le rapport de HRW mentionne le cas de Nay Y Blang, un évangélique.
Reconnu coupable d’avoir violé l’article 331, ce dernier, originaire de l’ethnie Êdé, a été condamné en janvier 2024 à quatre ans et demi de prison pour avoir organisé des réunions de prière à son domicile.
Il aurait participé à des rassemblements de l’Eglise évangélique du Christ des Hauts-Plateaux du Centre, un groupe religieux non reconnu par le gouvernement vietnamien.
Il est accusé d’avoir organisé des rassemblements visant à «rassembler des forces, inciter à la sécession, à l’autonomie et à la création d’un Etat séparé pour les minorités ethniques des Hauts Plateaux du Centre», avaient indiqué les médias d’Etat après son procès.
Déjà emprisonné en 2005
En 2005, Nay Y Blang a déjà été condamné à cinq ans et demi de prison pour «atteinte à l’unité nationale» en vertu de l’article 87 du Code pénal de 1999, indique encore HRW. «À l’époque, les autorités utilisaient fréquemment l’article 87 (aujourd’hui article 116) pour punir les personnes issues de minorités ethniques affiliées à des groupes religieux ou sociaux indépendants», souligne l’ONG.
En 2012, c’est dans un camp de rééducation que Nay Y Blang a été envoyé pendant deux ans pour «atteinte aux droits à la liberté et à la démocratie et aux droits à la liberté de croyance (…) afin de porter atteinte aux intérêts de l’Etat». Nay Y Blang était déjà accusé d’avoir participé aux activités de l’Eglise évangélique du Christ des Hauts-Plateaux du Centre.
Entre 2019 et 2023, Nay Y Blang a été placé sous surveillance étroite et a fait l’objet de harcèlement, d’interrogatoires et de confiscations. Une situation qui a empiré notamment après avoir rencontré des diplomates américains en 2022 pour discuter de la situation des groupes religieux indépendants.
Les autorités l’accusent d’avoir «fourni à plusieurs reprises de fausses informations sur la liberté de croyance et de religion» à des acteurs étrangers et de «continuer à exploiter les questions religieuses» sans «s’être repenti».
«Religion du mal»
Le gouvernement vietnamien restreint la pratique religieuse par la législation, les exigences d’enregistrement, le harcèlement et la surveillance, pointe HRW dans son rapport. Le gouvernement qualifie les groupes protestants Dega, catholiques Ha Mon, Falun Gong et autres groupes religieux de «ta dao» («religion du mal») et harcèle ceux qui pratiquent ces croyances, pointe encore l’ONG.
«Les groupes religieux indépendants non reconnus sont constamment surveillés, harcelés et intimidés, et leurs fidèles sont sujets à la critique publique, à l’abjuration forcée de leur foi, à la détention, aux interrogatoires, à la torture et aux poursuites pénales.»
«Les autorités vietnamiennes abusent de la loi sur l’atteinte aux intérêts de l’État, non seulement pour réduire au silence des militants et des lanceurs d’alerte de premier plan, mais aussi pour exercer des représailles contre les citoyens ordinaires qui se plaignent de la médiocrité des services ou des abus policiers», a déclaré Patricia Gossman, directrice adjointe pour l’Asie à Human Rights Watch.
«L’article 331 est un outil précieux dont dispose le gouvernement pour porter atteinte aux droits fondamentaux des citoyens vietnamiens.»
Source & Crédit Photo : Evangeliques.info