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La Bible, aussi victime des droits de douane américains voulus par Donald Trump

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Avec les nouveaux droits de douane sur des produits européens et asiatiques voulus par Donald Trump, le prix des Bibles vendues aux États-Unis pourrait prendre l’ascenseur. Les éditeurs chrétiens américains tirent la sonnette d’alarme.

Des droits de douane de 30% contre l’Union européenne

Donald Trump a annoncé ce samedi 12 juillet que les États-Unis imposeraient des droits de douane de 30% aux biens importés en provenance de l’Union européenne à partir du 1er août, à défaut d’accord commercial d’ici là, ce que trois responsables du bloc ont aussitôt qualifié de « tactique de négociation » de la part du président américain.

Donald Trump a publié une lettre en ce sens sur son réseau Truth Social, alors que plusieurs semaines de négociations avec la Commission européenne n’ont pas permis pour le moment de parvenir à un accord commercial entre les Etats-Unis et les Vingt-Sept.

Au cours d’une cérémonie qui se voulait spectaculaire le 2 avril à la Maison blanche, Donald Trump avait annoncé des droits de douane contre tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis, notamment de 20% contre l’UE, en plus d’un taux plancher de 10% appliqué à tous.

Il les avait suspendus seulement une semaine plus tard, pour trois mois, afin de permettre des négociations bilatérales. Seuls la Grande-Bretagne et le Vietnam ont depuis conclu des accords commerciaux avec les Etats-Unis.

Donald Trump a aussi annoncé samedi des droits de douane de 30% contre le Mexique à partir du 1er août, en plus de la série de surtaxes déjà annoncées depuis le début de la semaine contre une multitude d’autres pays, notamment le Japon et la Corée du Sud.

Des droits de douane de 25% contre le Japon et la Corée du Sud

Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis allaient imposer des droits de douane de 25% à partir du 1er août sur les biens importés du Japon et de la Corée du Sud.

Le président américain a adressé des lettres aux dirigeants de ces deux pays, qu’il a diffusées sur les réseaux sociaux.

Des droits de douane de 35% au Canada

Le président américain Donald Trump a déclaré que les Etats-Unis imposeraient des droits de douane de 35% sur les importations en provenance du Canada le mois prochain.

Washington prévoit en outre d’imposer des droits de douane généralisés de 15% ou 20% à la plupart de ses autres partenaires commerciaux.

Dans une lettre publiée sur son réseau social, Donald Trump a déclaré au Premier ministre canadien Mark Carney que ce nouveau taux entrerait en vigueur le 1er août et qu’il augmenterait si le Canada prenait des mesures de rétorsion.

Le locataire de la Maison blanche avait dit qu’il allait adresser des lettres aux dirigeants des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis pour les informer des droits de douane imposés à leurs pays en l’absence d’accord.

Dans une interview accordée à NBC News publiée jeudi, Donald Trump a déclaré que les partenaires commerciaux des Etats-Unis qui n’avaient pas encore reçu de telles lettres seraient probablement confrontés à des droits de douane généralisés.

« Tout le monde n’est pas obligé de recevoir une lettre. Vous le savez. Nous fixons simplement nos droits de douane », a-t-il dit.

«Nous allons simplement dire que tous les autres pays devront payer, que ce soit 20% ou 15%. Nous allons régler cela maintenant », a-t-il indiqué.

Les chrétiens victimes des droits de douane américains

Si le président américain Donald Trump obtient la hausse de la taxe d’importation sur les produits fabriqués en Chine, en Corée du Sud ou en Europe, la lecture de la Bible pourrait devenir plus coûteuse. Pour la société propriétaire des deux plus grands éditeurs de la Bible aux États-Unis, les tarifs proposés équivaudraient à une «taxe biblique».

Les taxes proposées par Donald Trump sur les produits fabriqués en Asie et en Europe auraient des répercussions sur les livres et autres imprimés, selon Bloomberg. Les bibles, qui sont imprimées en très grande majorité en Chine en raison de la technologie et des compétences spécialisées dont elles ont besoin pour produire, ne seraient pas épargnées.

«Nous croyons que l’administration Trump n’est pas consciente de l’impact négatif que ces tarifs proposés pourraient avoir sur l’industrie de l’édition en général et qu’elle n’a jamais eu l’intention d’imposer une ‘taxe biblique’ aux consommateurs et aux organisations religieuses», a expliqué Mark Schoenwald, président de HarperCollins Christian Publishing, dans une déclaration écrite.

«Cependant, si les livres imprimés, y compris les bibles, ne sont pas retirés de la liste de produits en provenance de Chine assujettie aux droits de douane et que ces derniers entrent en vigueur, les éditeurs réduiront leurs investissements dans leurs entreprises, les consommateurs et les organisations religieuses devront payer plus cher et les églises, écoles, ministères et organisations sans but lucratif auront moins de ressources pour sensibiliser les autres et leur faire connaître la Bible», a-t-il ajouté.

L’entreprise HarperCollins possède notamment les éditions Thomas Nelson et Zondervan, deux des plus grands producteurs de bible aux États-Unis.

Mark Schoenwald a été entendu par un groupe de représentants de la Commission du commerce international des États-Unis, au mois de juin, lors d’une audience sur la question des tarifs proposés. Il était accompagné de Stan Jantz, directeur de l’association des éditeurs chrétiens évangéliques.

Les livres et les bibles ont généralement été exemptés des restrictions commerciales dans le passé. Et plus de la moitié des 100 millions de bibles imprimées chaque année le sont en Chine depuis les années 1980, a-t-il ajouté. Parmi elles, 20 millions sont vendues ou données aux États-Unis.

Une production délocalisée nécessaire

La fabrication est délocalisée en raison des exigences d’impression spécifiques pour un livre aussi complexe que la Bible. Le papier fin requis ne peut pas être utilisé dans l’impression standard, et il en va de même pour les couvertures en cuir, les reliures piquées, les pages en couleur et les encarts spéciaux comme les cartes.

Selon Mark Schoenwald, la plupart des imprimeurs situés en dehors de la Chine ne disposent pas des installations nécessaires pour fabriquer les mêmes bibles. Quant à ceux qui le font, ils ne seraient pas en mesure de s’aligner sur les prix de la Chine ou de répondre à une augmentation de la demande.

D’après le président de HarperCollins, aucun imprimeur américain ne se précipite pour réinvestir dans ces installations, car les tarifs proposés par Trump sont liés à un différend commercial avec la Chine et pourraient être ultérieurement levés.

Stan Jantz a, quant à lui, déclaré que l’audience de la Commission du commerce international des États-Unis était une «enquête menée sur les faits» et non sur la «compétitivité», et qu’il estimait que les fonctionnaires étaient réceptifs à l’idée d’accorder une exemption pour les livres et les bibles.

Dans le cas contraire, cela pourrait déboucher sur une baisse du nombre de bibles aux États-Unis ou des bibles plus chères, voire dans un format différent que celui auquel les Américains sont habitués. Une situation qui pourrait avoir un impact plus large sur toute l’édition chrétienne et sur la capacité des ministères à distribuer des bibles. Une préoccupation partagée par de nombreux membres de l’association des éditeurs chrétiens évangéliques, selon Stan Jantz.

«L’accessibilité de la Bible sera gravement compromise si les bibles et les livres ne sont pas exclus des tarifs douaniers, a-t-il déclaré dans un communiqué. Certains pensent qu’un tel tarif limiterait la liberté religieuse.»

Où sont imprimées les bibles européennes ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la Bible n’est pas tombée dans le domaine public. Plusieurs sociétés en possèdent les droits de traduction. Elles ont aussi la charge de l’impression. Quel choix ont-elles fait? Réponses de l’Alliance biblique française et de la Société biblique de Genève. L’Alliance biblique française (ABF) détient les droits de révision de la Bible Louis Segond :

la «Bible à la Colombe» et la «Nouvelle Bible Segond», de la «Bible en français courant», de la «Bible Parole de vie», ainsi que, en coédition avec les éditions du Cerf, sur la «Traduction œcuménique de la Bible».

La plupart de ces bibles sont imprimées en Corée du Sud, pour des raisons économiques, mais pas seulement. L’ABF est membre de l’Alliance biblique universelle qui regroupe 146 sociétés bibliques et représente plus de 200 pays.

Ce sont leurs collègues de la Société biblique de Corée qui gèrent les impressions francophones. Mais lorsqu’elle l’AFB imprime pour la France, la Belgique et la Suisse, elle fait appel à un imprimeur italien dont le rapport qualité/prix et la rapidité de mise à disposition rivalisent avec la Corée du Sud, où il faut compter plus de trois mois avant de récupérer la marchandise.

En Suisse, la Société biblique de Genève est détentrice des droits de révision de la Bible Segond la «Nouvelle édition de Genève» et la «Segond 21». Le lieu d’impression dépend du modèle. Les grands tirages de modèle économique, sur papier recyclé, sont tirés en Allemagne, en Italie, alors que les modèles haut de gamme sont tirés en Hollande et les milieux de gamme en Biélorussie et Finlande.

Des choix qui relèvent de considérations économiques, mais aussi de qualité, de délais et de spécificités techniques, tels que le format, le tirage, les reliures. Quant aux petits tirages des bibles en langues minoritaires, subventionnées par des dons, elles sont imprimées en Corée du Sud ou en Chine.

Source & Crédit Photo : Chretiens.com

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